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NOTE D'INTENTION MISE EN SCÈNE

Au petit matin, dans une antichambre du Vatican, à l’heure où les cardinaux à peine vêtus sortent pêcher, un photographe est aux aguets : Elle va surgir et il devra d’un seul cliché faire d’Elle une icône pour 15 millions d’âmes avides. L’huissier qui la connaît mieux que personne prépare l’apparition céleste de celle qui avant d’être sa sainteté le pape, n’était qu’un petit berger. Mais quand Elle paraîtra, ce ne sera qu’un vieillard au costume truqué (comme toute la cérémonie). Il faudra presser l’image pour en tirer les traits de la miséricorde dont les sauvages s’abreuvent. Elle chantera son malheur comme une diva italienne, celui de n’être qu’une façade le cul à l’air, mais aussi son plaisir de se sentir disparaître derrière l’image qu’Elle produit pour les magazines, les prisons et les églises.

 

Picturale et musicale, cette pièce courte de Jean Genet s’inscrit dans sa recherche fantastique et poétique sur l’envers des images populaires. Après celle des gangsters dans Splendid’s et avant celle des juges, des généraux, des commissaires et des évêques dans Le Balcon. Notre interprétation de Elle propose à la fois un drame satirique sur la nécessité toujours plus dévorante d’icônes dans notre société et un concert à la gloire de celle qui soutient à bout de bras l’image exigée par la foule affamée. Sartre définissait le projet littéraire de Genet comme celui d’ « inquiéter l’honnête homme, dérober le sol sous ses pas, le faire douter de la morale et du Bien ». L’étonnante actualité des refrains qui résonnent dans cette sainte maison close prouve que ce dessein n’a rien perdu de sa vigueur.

Vincent Thépaut

NOTE D'INTENTION SCÉNOGRAPHIE

Dans le cadre du Venice Open Stage festival, nous avons crée un décor praticable en extérieur et transportable dans une voiture. La scénographie et le costume complet du Pape ont été réalisés aux ateliers de construction et de couture du Théâtre National de Strasbourg.

 

Il me semblait essentiel de distinguer deux lieux différents au cours de la pièce.

Pour commencer, l’antichambre du Vatican comme lieu de vie du Pape et de ses confrères. À la manière des « stendi biancheria », étendoirs à linges si caractéristiques des paysages italiens, de grands fils tendus traversent la scène et donnent à voir le linge intime des habitants.

Puis, le Vatican comme lieu de magnificence et de « représentation ». Un grand tissu satiné de 9m de large, couleur or, apparaît en fond de scène et dévoile la silhouette blanche du Souverain pontife. Ce dernier est encerclé par une moquette rouge bordant le plateau et surmontée d’une série de potelés, bien connus des cérémonies religieuses. Un trio de couleurs faisant référence à l’imagerie flamboyante du Palais Romain : L’or pour la puissance de l’argent - couleur du faste et du luxe. Le rouge pour le sang, l’enfer et le vice - couleur fascinante du triomphe. Le blanc pour la pureté, l’unité, l’équilibre - couleur de la perfection et du divin.

 

Anne-Sophie Grac

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